En fin de compte, ce qui a toujours été « contrôlé » en Chine, ce ne sont pas Noël ni la Saint-Sylvestre, mais tout plaisir qui échappe au contrôle. Ce qu'ils craignent, ce ne sont pas les fêtes occidentales, mais la foule ; ce ne sont pas les symboles religieux, mais les émotions ; ce ne sont pas les comportements de consommation, mais le fait que, dès que les gens se rassemblent, commencent à rire, à libérer leur stress, des choses qu'ils ne peuvent pas prévoir, qu'ils ne peuvent pas contenir, ou qu'ils ne peuvent pas assumer.



Ainsi, nous assistons à un spectacle extrêmement absurde : l’économie est dans un état déplorable, on crie tous les jours « stimuler la demande intérieure », « encourager la consommation », « renforcer la confiance », mais dès qu’arrive le moment où l’on dépense le plus facilement, où l’on sort volontiers, où l’on peut spontanément faire la fête, on freine immédiatement comme un réflexe conditionné. Pourquoi ? Parce qu’à leurs yeux — la consommation est importante, mais la stabilité l’est encore plus ; la stabilité est cruciale, mais la responsabilité incombe toujours aux autres ; et le bonheur ou le malheur des gens, ça ne les concerne pas.

Ce qu’on appelle « considération de la sécurité », en clair, c’est une seule chose : mieux vaut qu’une ville soit morne et silencieuse que de risquer un événement incontrôlable. Tant que vous ne vous rassemblez pas, ne célébrez pas, ne créez pas spontanément des émotions, la ville reste aussi calme qu’un morgue, ce qui est en fait l’état idéal. Ajoutez à cela la tension internationale, la sensibilité exacerbée aux « symboles occidentaux », et les sapins de Noël, le compte à rebours, les bonnets rouges sont tous perçus comme des mines idéologiques.

Ainsi, une fête ordinaire qui devrait appartenir au centre commercial, aux couples, aux amis, à la vie nocturne, est brutalement transformée en « problème de position », « problème de direction », « problème d’attitude ». Même la joie doit d’abord passer par une censure politique, ce qui est la partie la plus effrayante.

Ce qui est encore plus dégoûtant, c’est cette logique bureaucratique — si quelque chose arrive, vous en êtes responsable ; si rien ne se passe, personne ne se souvient de vous ; la solution la plus sûre, c’est évidemment de faire en sorte que rien n’arrive. Ainsi, les « initiatives », « rappels », « refroidissement », « célébrer civilisé » sont imposés couche après couche, jusqu’à devenir une véritable censure. Ce n’est pas une interdiction explicite, mais une manière de faire semblant d’être douce, tout en étouffant le festival petit à petit.

Ce qu’ils craignent vraiment, c’est que dans cette société, trop d’émotions soient comprimées. Chômage, baisse de salaire, prêts immobiliers, absence de perspectives d’avenir, tout le monde fait semblant de tenir. Or, les fêtes, à la base, sont des soupapes d’évacuation d’émotions légales, inoffensives, à faible coût. Mais, curieusement, ils n’osent même pas vous laisser ouvrir cette soupape. Parce qu’une fois que la foule se rassemble, que les émotions commencent à circuler, que quelqu’un réalise « en fait, nous sommes si nombreux », cela devient quelque chose qu’ils ne peuvent pas totalement contrôler.

Donc, la solution la plus sûre, c’est de vous laisser dispersé, de vous laisser refroidir, de vous faire retenir chacun de votre côté. Mais le problème, c’est que — plus vous faites ça, plus les gens résistent. La société humaine a déjà prouvé maintes fois : quand un plaisir innocent est délibérément privé, moralisé ou politisé, la psychologie de rébellion ne cesse de croître. Plus on vous empêche de célébrer, plus vous avez envie de le faire ; plus on vous contrôle, plus vous adoptez une attitude sarcastique ; plus on prétend que « c’est pour votre bien », plus on donne l’impression de vous prendre pour un idiot.

Surtout quand la gestion devient si fragmentée qu’elle touche à la vie quotidienne — célébrer une fête devient comme commettre un crime, le compte à rebours ressemble à une activité clandestine, et un peu d’animation donne l’impression qu’on va être dénoncé. Les adultes sont traités comme des écoliers, cette humiliation est en soi une source de stress émotionnel.

C’est pourquoi vous voyez : en surface, tout paraît calme, mais en coulisses, c’est la folie ; en apparence, on baisse la température, mais en privé, on devient encore plus dur ; si on ne vous laisse pas célébrer dans la rue, vous le faites dans un coin, sur les réseaux sociaux, dans des signaux codés, dans l’ironie. Ce n’est pas un conflit culturel, c’est une opposition créée par une gouvernance défaillante. La véritable confiance culturelle, c’est que le Nouvel An chinois est si puissant que Noël devient insignifiant ; et non pas en utilisant des documents, des initiatives, des critiques éducatives, voire des menaces, pour « cacher » une fête.

Quand une société doit recourir à une logique administrative pour empêcher les jeunes de célébrer, ce n’est plus une question de qui détruit qui, mais une indication que cette société commence à avoir peur même du « plaisir ». Et le plus ironique, c’est que — plus vous avez peur, plus ils veulent célébrer ; plus vous réprimez, plus cette fête devient un symbole d’expression émotionnelle, d’identité, voire de résistance secrète. C’est là la véritable faillite.
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