« Attaque du MM 1 : Système de cotation de l’inventaire du market maker »
« Attaque du MM 2 : Carnet d’ordres et flux d’ordres du market maker »
Les deux premiers épisodes ont évoqué le flux d’ordres et la cotation de l’inventaire. On pourrait penser que les market makers ne peuvent que réagir passivement, mais ont-ils des moyens d’agir activement ? La réponse est oui. Aujourd’hui, nous présentons l’avantage statistique et la conception de signaux, qui sont aussi la « micro alpha » recherchée par les market makers.
Qu’est-ce que l’alpha du market maker ?
Le micro alpha est une « déviation de probabilité conditionnelle » à très court terme (~100ms à ~10s), concernant la direction du prochain mouvement de prix / la dérive du prix intermédiaire / l’asymétrie des transactions. Il faut noter que, dans le regard du mm, l’alpha n’est pas une prévision de tendance ou une spéculation sur la hausse ou la baisse, mais simplement une déviation de probabilité. Cela diffère de l’alpha dont on parle habituellement. Voici une explication en langage courant :
L’avantage statistique du market maker peut être compris comme la tendance, dans une fenêtre de temps très courte, de l’état du carnet à « favoriser » un mouvement de prix dans une certaine direction. Si le mm par certains indicateurs parvient à calculer la probabilité que le prix évolue dans une direction donnée dans la milliseconde suivante, alors il peut 1 : être plus disposé à acheter avant une hausse probable. 2 : retirer rapidement ses ordres avant une baisse probable. 3 : réduire l’exposition lors des moments critiques.
La base financière pour prévoir la direction du prix suivant est : en raison du flux d’ordres, du volume en attente, du ratio d’annulation de carnet, etc. (que nous expliquerons plus tard), le marché, en une fraction de seconde, n’est pas un « mouvement brownien » aléatoire, mais possède une certaine direction. La phrase ci-dessus est la traduction financière du concept mathématique de « probabilité conditionnelle ».
Avec ces alpha, le market maker peut orienter ses opérations sur le prix, et enfin réaliser des profits sur le prix lui-même plutôt que simplement sur le spread, qui n’est qu’une commission de service.
Présentation des signaux classiques
2.1 Déséquilibre du carnet d’ordres : OBI
L’OBI regarde, autour du prix actuel, de quel côté il y a « plus de personnes en position ». C’est une statistique normalisée de différence de volume.
La formule n’est pas compliquée : c’est une logique de ratio de somme. Elle indique si l’on a plus d’ordres d’achat ou de vente. Si l’OBI tend vers 1, cela signifie que presque tous les ordres sont des ordres d’achat, avec une forte demande en dessous. Si elle tend vers -1, c’est l’inverse. Si elle est proche de 0, cela indique une symétrie entre achat et vente.
Il faut noter que l’OBI est une « photo instantanée » statique, un indicateur classique mais peu efficace seul. Il doit être utilisé en comparaison avec les annulations, la pente du carnet, etc.
2.2 Flux d’ordres déséquilibré (OFI)
L’OFI regarde qui intervient activement dans une courte période. C’est la première dérivée du mouvement de prix, car le prix est principalement influencé par le taker, pas par le maker.
On peut ressentir une notion de volume net d’achat ou de vente. Dans le cadre de Kyle (1985), ΔP ≈ λ⋅OFI, où λ est la profondeur du tick, donc l’OBI est un facteur moteur du prix.
2.3 Dynamique de la file d’attente (Queue)
Aujourd’hui, la majorité des bourses utilisent une règle de cotation continue, selon le meilleur prix et le principe FCFS (First Come, First Served). Les ordres soumis sont en file d’attente. La file d’attente reflète l’état du carnet, et un état anormal (avec des annulations ou des recharges) peut indiquer une direction de prix, c’est-à-dire un micro alpha.
Il faut faire attention à deux cas :
Iceberg : Ordre caché
Par exemple, un ordre affiché de 10 lots, mais chaque fois qu’il est exécuté, il est immédiatement rechargé de 10 lots. La véritable intention pourrait être 1000 lots. La méthode de manipulation du prix de revient par le market maker dans le premier épisode, consistant à réduire le coût, est en fait une manipulation iceberg manuelle. En pratique, certains traders veulent dissimuler leur volume réel, et utilisent aussi des iceberg.
Spoofing (faux ordre)
Placer un gros ordre d’un côté pour créer une « fausse pression », puis l’annuler rapidement avant que le prix ne bouge. Le spoofing pollue l’OBI et la pente, épaississant artificiellement la file, ce qui augmente le risque de mouvement. Certains gros spoofings peuvent effrayer le marché ou manipuler le prix. La Bourse de Londres a par exemple arrêté un trader en 2015 pour manipulation du forex, qui était un spoof. Mais dans la crypto, on peut aussi faire du spoofing manuellement, ce qui est une manipulation dégoûtante. Cependant, si l’ordre est réellement exécuté, votre exposition devient très grande.
2.4 Taux d’annulation (Cancel Ratio)
Le taux d’annulation est une estimation de la « disparition de liquidité » :
Cancel↑ ⇒ Pente↓ ⇒ λ↑ ⇒ ΔP, ce qui rend le prix plus sensible. C’est un signal d’instabilité qui précède l’OFI. CR→1 : presque tous les ordres sont annulés. CR→0 : presque tous les ordres sont rechargés. La formule mathématique de cet épisode est très simple, il suffit de regarder le graphique pour comprendre.
CR↑ ⟹ le côté passif considère que le risque futur augmente, mais le CR seul n’est pas utilisé ; il est toujours combiné avec l’OFI et d’autres indicateurs.
Ce qui précède, ce sont probablement des jeux de carnet d’ordre classiques, mais l’évolution des market makers est très rapide. De plus, avec la blockchain, les échanges de crypto pourraient bientôt impliquer la cotation on-chain. Mais ces indicateurs restent très utiles et inspirants.
Le domaine absolu du market maker : la vitesse
Dans les films, on entend souvent qu’une certaine fondation a une connexion plus rapide, donc plus performante. Beaucoup de market makers déplacent leurs serveurs plus près des serveurs de la bourse. Pourquoi ? Enfin, parlons des avantages des équipements physiques et du « avantage de transaction » spécifique aux échanges crypto.
L’arbitrage de latence ne consiste pas à prévoir le prix futur, mais à exécuter des ordres à un prix plus avantageux « avant que les autres ne réagissent ». Dans un modèle théorique : le prix est continu, l’information est synchronisée. Mais dans la réalité : le marché est événementiel, et l’information arrive de façon asynchrone. Pourquoi ? Parce que recevoir le signal de prix de la bourse et envoyer des ordres prennent du temps, une limite physique. Même dans un marché parfaitement réglementé : différents échanges, différentes sources de données, moteurs de correspondance, emplacements géographiques, tout cela entraîne des délais. Donc, les mm avec du matériel plus avancé ont un avantage actif.
Cela teste la capacité du market maker lui-même, peu lié aux autres acteurs, c’est donc leur domaine absolu.
Prenons un exemple simple : vous souhaitez vendre une position. Vous proposez au meilleur prix du marché, ce qui pourrait aboutir à une transaction. Mais si je vois le prix et envoie mon ordre plus vite, je peux le prendre en premier, ce qui bloque votre stock et empêche la récupération de votre position. La réalité est souvent plus complexe.
Un point intéressant : en l’absence de régulation, la plupart des échanges crypto peuvent donner à certains comptes un droit de priorité dans l’exécution. C’est-à-dire, donner à certains comptes le droit de passer devant. C’est courant dans certains petits échanges, et cela montre que dans la crypto, l’appartenance à « ses propres » est aussi importante que la recherche scientifique. La sécurité de la transaction est une étape cruciale pour que la théorie de l’alpha devienne pratique.
Ce épisode a été écrit du point de vue du mm. En pratique, les opérations sont beaucoup plus complexes, notamment avec la file d’attente dynamique, qui comporte de nombreux détails à maîtriser. N’hésitez pas à donner votre avis.
Postface : cet article comporte un regret. Le titre « Déploiement du domaine dans le market making » était initialement destiné à parler de couverture dynamique et d’options, car je pense que c’est la partie la plus conceptuellement difficile du market making, et cela justifiait le grand titre. Mais j’ai passé une journée à écrire, et à moitié terminé, sans savoir comment aborder systématiquement ce sujet, j’ai finalement changé pour parler de micro alpha. @agintender a publié un article évoquant de nombreux concepts de couverture avancés, je vous encourage à le consulter.
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MM en pleine expansion 3 : Analyse des avantages statistiques et conception de signaux
Auteur : Dave
« Attaque du MM 1 : Système de cotation de l’inventaire du market maker »
« Attaque du MM 2 : Carnet d’ordres et flux d’ordres du market maker »
Les deux premiers épisodes ont évoqué le flux d’ordres et la cotation de l’inventaire. On pourrait penser que les market makers ne peuvent que réagir passivement, mais ont-ils des moyens d’agir activement ? La réponse est oui. Aujourd’hui, nous présentons l’avantage statistique et la conception de signaux, qui sont aussi la « micro alpha » recherchée par les market makers.
Le micro alpha est une « déviation de probabilité conditionnelle » à très court terme (~100ms à ~10s), concernant la direction du prochain mouvement de prix / la dérive du prix intermédiaire / l’asymétrie des transactions. Il faut noter que, dans le regard du mm, l’alpha n’est pas une prévision de tendance ou une spéculation sur la hausse ou la baisse, mais simplement une déviation de probabilité. Cela diffère de l’alpha dont on parle habituellement. Voici une explication en langage courant :
L’avantage statistique du market maker peut être compris comme la tendance, dans une fenêtre de temps très courte, de l’état du carnet à « favoriser » un mouvement de prix dans une certaine direction. Si le mm par certains indicateurs parvient à calculer la probabilité que le prix évolue dans une direction donnée dans la milliseconde suivante, alors il peut 1 : être plus disposé à acheter avant une hausse probable. 2 : retirer rapidement ses ordres avant une baisse probable. 3 : réduire l’exposition lors des moments critiques.
La base financière pour prévoir la direction du prix suivant est : en raison du flux d’ordres, du volume en attente, du ratio d’annulation de carnet, etc. (que nous expliquerons plus tard), le marché, en une fraction de seconde, n’est pas un « mouvement brownien » aléatoire, mais possède une certaine direction. La phrase ci-dessus est la traduction financière du concept mathématique de « probabilité conditionnelle ».
Avec ces alpha, le market maker peut orienter ses opérations sur le prix, et enfin réaliser des profits sur le prix lui-même plutôt que simplement sur le spread, qui n’est qu’une commission de service.
2.1 Déséquilibre du carnet d’ordres : OBI
L’OBI regarde, autour du prix actuel, de quel côté il y a « plus de personnes en position ». C’est une statistique normalisée de différence de volume.
La formule n’est pas compliquée : c’est une logique de ratio de somme. Elle indique si l’on a plus d’ordres d’achat ou de vente. Si l’OBI tend vers 1, cela signifie que presque tous les ordres sont des ordres d’achat, avec une forte demande en dessous. Si elle tend vers -1, c’est l’inverse. Si elle est proche de 0, cela indique une symétrie entre achat et vente.
Il faut noter que l’OBI est une « photo instantanée » statique, un indicateur classique mais peu efficace seul. Il doit être utilisé en comparaison avec les annulations, la pente du carnet, etc.
2.2 Flux d’ordres déséquilibré (OFI)
L’OFI regarde qui intervient activement dans une courte période. C’est la première dérivée du mouvement de prix, car le prix est principalement influencé par le taker, pas par le maker.
On peut ressentir une notion de volume net d’achat ou de vente. Dans le cadre de Kyle (1985), ΔP ≈ λ⋅OFI, où λ est la profondeur du tick, donc l’OBI est un facteur moteur du prix.
2.3 Dynamique de la file d’attente (Queue)
Aujourd’hui, la majorité des bourses utilisent une règle de cotation continue, selon le meilleur prix et le principe FCFS (First Come, First Served). Les ordres soumis sont en file d’attente. La file d’attente reflète l’état du carnet, et un état anormal (avec des annulations ou des recharges) peut indiquer une direction de prix, c’est-à-dire un micro alpha.
Il faut faire attention à deux cas :
Par exemple, un ordre affiché de 10 lots, mais chaque fois qu’il est exécuté, il est immédiatement rechargé de 10 lots. La véritable intention pourrait être 1000 lots. La méthode de manipulation du prix de revient par le market maker dans le premier épisode, consistant à réduire le coût, est en fait une manipulation iceberg manuelle. En pratique, certains traders veulent dissimuler leur volume réel, et utilisent aussi des iceberg.
Placer un gros ordre d’un côté pour créer une « fausse pression », puis l’annuler rapidement avant que le prix ne bouge. Le spoofing pollue l’OBI et la pente, épaississant artificiellement la file, ce qui augmente le risque de mouvement. Certains gros spoofings peuvent effrayer le marché ou manipuler le prix. La Bourse de Londres a par exemple arrêté un trader en 2015 pour manipulation du forex, qui était un spoof. Mais dans la crypto, on peut aussi faire du spoofing manuellement, ce qui est une manipulation dégoûtante. Cependant, si l’ordre est réellement exécuté, votre exposition devient très grande.
2.4 Taux d’annulation (Cancel Ratio)
Le taux d’annulation est une estimation de la « disparition de liquidité » :
Cancel↑ ⇒ Pente↓ ⇒ λ↑ ⇒ ΔP, ce qui rend le prix plus sensible. C’est un signal d’instabilité qui précède l’OFI. CR→1 : presque tous les ordres sont annulés. CR→0 : presque tous les ordres sont rechargés. La formule mathématique de cet épisode est très simple, il suffit de regarder le graphique pour comprendre.
CR↑ ⟹ le côté passif considère que le risque futur augmente, mais le CR seul n’est pas utilisé ; il est toujours combiné avec l’OFI et d’autres indicateurs.
Ce qui précède, ce sont probablement des jeux de carnet d’ordre classiques, mais l’évolution des market makers est très rapide. De plus, avec la blockchain, les échanges de crypto pourraient bientôt impliquer la cotation on-chain. Mais ces indicateurs restent très utiles et inspirants.
Dans les films, on entend souvent qu’une certaine fondation a une connexion plus rapide, donc plus performante. Beaucoup de market makers déplacent leurs serveurs plus près des serveurs de la bourse. Pourquoi ? Enfin, parlons des avantages des équipements physiques et du « avantage de transaction » spécifique aux échanges crypto.
L’arbitrage de latence ne consiste pas à prévoir le prix futur, mais à exécuter des ordres à un prix plus avantageux « avant que les autres ne réagissent ». Dans un modèle théorique : le prix est continu, l’information est synchronisée. Mais dans la réalité : le marché est événementiel, et l’information arrive de façon asynchrone. Pourquoi ? Parce que recevoir le signal de prix de la bourse et envoyer des ordres prennent du temps, une limite physique. Même dans un marché parfaitement réglementé : différents échanges, différentes sources de données, moteurs de correspondance, emplacements géographiques, tout cela entraîne des délais. Donc, les mm avec du matériel plus avancé ont un avantage actif.
Cela teste la capacité du market maker lui-même, peu lié aux autres acteurs, c’est donc leur domaine absolu.
Prenons un exemple simple : vous souhaitez vendre une position. Vous proposez au meilleur prix du marché, ce qui pourrait aboutir à une transaction. Mais si je vois le prix et envoie mon ordre plus vite, je peux le prendre en premier, ce qui bloque votre stock et empêche la récupération de votre position. La réalité est souvent plus complexe.
Un point intéressant : en l’absence de régulation, la plupart des échanges crypto peuvent donner à certains comptes un droit de priorité dans l’exécution. C’est-à-dire, donner à certains comptes le droit de passer devant. C’est courant dans certains petits échanges, et cela montre que dans la crypto, l’appartenance à « ses propres » est aussi importante que la recherche scientifique. La sécurité de la transaction est une étape cruciale pour que la théorie de l’alpha devienne pratique.
Ce épisode a été écrit du point de vue du mm. En pratique, les opérations sont beaucoup plus complexes, notamment avec la file d’attente dynamique, qui comporte de nombreux détails à maîtriser. N’hésitez pas à donner votre avis.
Postface : cet article comporte un regret. Le titre « Déploiement du domaine dans le market making » était initialement destiné à parler de couverture dynamique et d’options, car je pense que c’est la partie la plus conceptuellement difficile du market making, et cela justifiait le grand titre. Mais j’ai passé une journée à écrire, et à moitié terminé, sans savoir comment aborder systématiquement ce sujet, j’ai finalement changé pour parler de micro alpha. @agintender a publié un article évoquant de nombreux concepts de couverture avancés, je vous encourage à le consulter.